Objet à la fois décoratif et utilitaire, omniprésent dans la culture occidentale, la chaise a une histoire et des significations que peu ou prou connaissent. Nous aimerions ici en retracer les grandes lignes et donner à voir comment elle a pu évoluer esthétiquement, techniquement et significativement parlant au cours de son histoire.
La chaise pendant l’Antiquité égyptienne et grecque :
Il est généralement admis que la première civilisation qui a inventée la chaise est la civilisation Égyptienne – 2600 ans avant notre ère – a qui l’on doit déjà beaucoup. La structure de celle-ci, s’inspirant de l’architecture d’alors, était de forme cubique. Son dossier ainsi que son assise étaient faites en bois et étaient de forme carrés. Autrement dit, le confort et l’ergonomie ne constituent pas les caractéristiques essentielles de la chaise. Cette dernière avait alors pour fonction principale de symboliser le rang social et le pouvoir de son occupant. Cette origine symbolique est contenu dans l’étymologie même du mot. Le terme « chaise » vient en effet du latin cathedra qui signifie à la fois siège, banc, chaire de professeur et trône. Autrement dit, la chaise et la chaire que l’on distingue bien aujourd’hui étaient jadis confondus. Aussi dans l’Egypte antique, les fauteuils s’identifient aux trônes des pharons et les tabourets pliables ayant un piétement en x représentaient la norme pour s’asseoir.
L’apport des Grecs à l’évolution des chaises :
Dans la Grèce antique les chaises devinrent plus ergonomique et pour tout dire plus utilitaires. Elles acquièrent alors un nom propre, le premier dans cette histoire : « Klismos ». Ces chaises se caractérisaient par des pieds courbés aussi dits en « sabre » ayant « les antérieurs tournés vers l’avant, les pieds arrières vers l’arrière » (source). Son dossier était nettement plus souple que celle des chaises égyptiennes et le bois se fit remplacer par du cuir tressé. Son dossier était aussi courbé en « hémicycle » ce qui assure une meilleur adaptation à la morphologie humaine. Ce modèle connu sous le nom de Klismos, comme vous pouvez le constater pourrait incontestablement être pris par un néophyte comme étant l’un des modèles iconiques d’un grand designer du siècle dernier
Les chaises « classiques » du Moyen-âge à la Renaissance :
Les chaises connurent peu d’évolutions notables pendant le moyen-âge. Les tabourets pliants ainsi que les bancs constituaient les assises les plus répandues et les plus populaires au double sens du terme. Ils étaient même alors les seuls représentant du siège.
Il faudra attendre la renaissance (1300 – 1700) pour voir apparaître une diversification de sièges ainsi que leur démocratisation. Cette démultiplication s’explique en grande partie par les besoins et les avancée techniques de l’époque. Le développement exponentiel du commerce qui fit naître ou plutôt accroître la demande de métiers dit « assis » ou bureaucratiques conduisait aussi au développement des chaises ou des outils de travail. Il fallait écrire, noter, copier et retranscrire et pour cela il fallait pouvoir s’asseoir et de préférence correctement. L’ergonomie des chaises devenait alors un critère de fabrication ; il fallait prendre en compte les spécificités de la morphologie humaine.
Les lignes courbées devenaient alors d’usage. Les accotoirs, c’est-à-dire les bras horizontaux disposés du part du siège et encadrant ce dernier, se courbent. Les pieds deviennent galbés affinant ainsi la silhouette des sièges et les traverses diminuent et s’arrondissent. La chaise reprend donc une forme organique et redevient confortable comme elle l’était à l’époque des Grecs Anciens. Toutefois, contrairement aux klismos, les chaises classiques se voient enrobés de tissus en laine ou même en velours. Les sièges devinent aussi rembourrés et assurent de ce fait une meilleure assise à ses utilisateurs au nombre grandissant. On voit apparaître une quantité phénoménale de modèles diverses et variés répondant à des besoins ou des désirs différents. Nos chaises pour restaurants, héritent des savoir faire découvert à cette époque.
La chaise au tournant de l’ère industriel :
Peu ou prou de domaines ne furent pas bouleversés par l’ère industriel et le mobilier en général et les chaises en particulier n’y firent pas exception. Comme toujours, ces transformations s’expliquent en grande partie par les avancées techniques de l’époque, mais aussi par la demande pris dans son sens économique. Il fallait produire vite et le tout à faible coût. S’asseoir n’était plus un luxe, mais une nécessite. Pour pallier à ce manque de moyens les fabricants de chaises firent appel à des techniques innovantes venues d’autres domaines que celui de l’ameublement. Il en fut ainsi pour le rembourrage à ressorts qui était d’inspiration maritime. Ce dialogue entre les créateurs de pièces mobilières et les autres domaines plus ou moins annexe amena des évolutions importantes ; à la fois d’un point de vue esthétique et matérielle. Le bois n’était ainsi plus le matériel de prédilection et les ébénistes ne furent plus les seuls fabricants des sièges. Des nouvelles formes et des nouvelles matières apparurent. Le mobilier design commença à pointer son nez.
Les chaises contemporaines et design :
Les chaises contemporaines se caractérisent paradoxalement par leur absence de caractéristiques esthétiques ou visuels bien identifiables. Elles ont généralement en commun le fait d’être confortable ou ergonomique. Le but n’étant plus de répondre aux besoins de plus en plus de monde, mais à tout le monde. C’est pourquoi l’aspect des modèles proposés ainsi que les matériaux utilisés varient tant. Elles sont donc devenues des objets décoratifs design, Il en faut pour tous les goûts et !.. Égouts. Toutefois comme la chaise reste un objet d’usage quotidienne, la fantaisie a moins de prise sur elle que sur d’autres objets décoratifs comme par exemple sur les luminaires.